Dans une galaxie très très lointaine, une République subit, dans les épisodes 1, 2 et 3 de la célèbre saga Star Wars, des tentatives de déstabilisation répétées et commanditées par son propre chancelier, Palpatine, qui profite de l’ambiance guerrière qu’il a lui-même créé pour lever une armée de clones, faire voter des lois d’exception, réduire à néant le contre-pouvoir constitué par l’ordre des Jedi (ces guerriers bad’ass avec des sabres lasers) puis se faire élire empereur par un Sénat galactique complètement fanatisé. Les premiers épisodes des films Star Wars, qui sont sortis vingt ans après les épisodes 4, 5 et 6, mettent en scène des personnages qui échouent à prévenir cette tragédie. La trilogie suivante se déroule plusieurs décennies après la fin de la démocratie et oppose la rébellion à l’Empire. En 2016, le film Rogue One met en scène un petit groupe de révolutionnaires qui effectue une mission essentielle pour la réussite future de la rébellion. À sa tête, un rebelle du nom de Cassian Andor, brillamment incarné par l’acteur Diego Luna. Le film est un succès critique et populaire et devient le deuxième plus gros succès de la franchise Star Wars. En 2022 est diffusée la première saison de la série Andor, qui a fait le choix de se concentrer sur ce héros populaire et ses camarades, et ainsi de raconter les naissances de l’Alliance rebelle, l’entité qui s’oppose (victorieusement) à l’Empire dans les épisodes 4, 5 et 6 et parvient à restaurer la République.
Loin de n’être qu’un simple divertissement, la SF permet d’employer une créativité unique pour imaginer des futurs utopiques ou dystopiques, mais aussi pour imager les injustices du présent. Décryptage d’un genre qui défend les opprimés.
Alors que d’un côté, les bénéfices 2024 et dividendes 2025 du CAC40 sont au plus haut – boostés par les dépenses militaires, et que de l’autre la pauvreté repart à la hausse en France depuis plus de 20 ans, tout porte à croire que la lutte des classes, un temps amoindrie par les trente glorieuses et quelques avancées sociales et sociétales d’envergure, a encore de trop nombreux jours devant elle.
Genre littéraire et cinématographique engagé, la Science-fiction (SF), d’abord boudée puis considérée comme un genre en pleine expansion où le pire comme le meilleur de la société peut s’objectiver, est un vecteur de critiques sociales propice à illustrer la guerre des classes, sur terre ou ailleurs, entre fractures sociales liées à l’emploi ou au territoire.
Notre histoire commence pendant le petit âge glaciaire. Une période de rigueur hivernale intense en Europe qui a commencé à la fin du XIIIᵉ siècle et va durer jusqu'au milieu du 19ᵉ. Nous sommes en 1565 et Brueghel L'ancien peint Les chasseurs dans la neige. Il mourra quatre ans plus tard, alors qu'il n'a pas 45 ans. Il sera enseveli dans l'église Notre Dame de la Chapelle à Bruxelles.
Le tableau de Bruegel est porteur de quelque chose d'autre. C'est l'appel constant, bien connu, qui se mêle à la nostalgie du lieu que l'on a quitté et que l'on veut retrouver. Le contraste entre le besoin de chercher et le désir de se retrouver et l'oscillation pendulaire des êtres humains entre ces deux tendances, l'inconnu familier, une contradiction, une tension qu'ils tentent de concilier dans le cours de leur vie.
On retrouvera le tableau de Brueghel, Les chasseurs dans la neige, dans le chef d'œuvre de science-fiction du cinéaste russe Andreï Tarkovski : Solaris. Science-fiction ? Ce n'est pas évident. Moins qu'aucun cinéaste Andreï Tarkovski ne se laisse enfermer dans une catégorie et plus qu'aucun film, Solaris nous renvoie à l'impossibilité de définir par une terminologie préexistante ce que cherche à nous montrer un artiste.
C'est un homme à la recherche de l'inconnu, d'une image future pas encore apparue, mais qui sait que nous ne pouvons sensiblement appréhender que ce qui nous est, d'une façon ou d'une autre, déjà familier. C'est un homme à la recherche des temps futurs, comme un chasseur dans la neige, mais qui est lui même rempli de nostalgie, dévorée par la douleur, la honte et le désir de rentrer chez lui.
Bienvenue dans La fin du film, épisode douze : Solaris, d'Andreï Tarkovski. La science-fiction n'existe pas encore.