Dans une galaxie très très lointaine, une République subit, dans les épisodes 1, 2 et 3 de la célèbre saga Star Wars, des tentatives de déstabilisation répétées et commanditées par son propre chancelier, Palpatine, qui profite de l’ambiance guerrière qu’il a lui-même créé pour lever une armée de clones, faire voter des lois d’exception, réduire à néant le contre-pouvoir constitué par l’ordre des Jedi (ces guerriers bad’ass avec des sabres lasers) puis se faire élire empereur par un Sénat galactique complètement fanatisé. Les premiers épisodes des films Star Wars, qui sont sortis vingt ans après les épisodes 4, 5 et 6, mettent en scène des personnages qui échouent à prévenir cette tragédie. La trilogie suivante se déroule plusieurs décennies après la fin de la démocratie et oppose la rébellion à l’Empire. En 2016, le film Rogue One met en scène un petit groupe de révolutionnaires qui effectue une mission essentielle pour la réussite future de la rébellion. À sa tête, un rebelle du nom de Cassian Andor, brillamment incarné par l’acteur Diego Luna. Le film est un succès critique et populaire et devient le deuxième plus gros succès de la franchise Star Wars. En 2022 est diffusée la première saison de la série Andor, qui a fait le choix de se concentrer sur ce héros populaire et ses camarades, et ainsi de raconter les naissances de l’Alliance rebelle, l’entité qui s’oppose (victorieusement) à l’Empire dans les épisodes 4, 5 et 6 et parvient à restaurer la République.
Alors que le choix d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale au lendemain des élections européennes risque de renforcer le poids de l’extrême droite, nous partageons l’inquiétude exprimée par beaucoup face au risque important que ce tremblement de terre politique fait peser sur la démocratie et les libertés. L’idéologie du Rassemblement National, entièrement tournée vers la création de droits différenciés sur des fondements racistes et réactionnaires, ne peut exister sans une structure de pouvoir forte et centralisée. C’est pourquoi nous ne doutons pas qu’un gouvernement d’extrême droite utilisera et renforcera la surveillance de la population pour exercer son pouvoir. Il aura, par exemple, besoin du fichage pour identifier les personnes à qui retirer des droits, de l’écosystème de surveillance pour traquer les personnes qu’il veut expulser, maltraiter ou enfermer ou encore des lois de censure et coercitives pour faire taire les oppositions anti-fascistes.